OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Hollande en 309 citations vérifiées http://owni.fr/2012/05/07/hollande-president-elu-verification/ http://owni.fr/2012/05/07/hollande-president-elu-verification/#comments Sun, 06 May 2012 22:09:40 +0000 Sylvain Lapoix et Marie Coussin http://owni.fr/?p=109227 fact checking, permettant une lecture critique inédite des programmes et des discours politiques. Comme l'a proposé Le Véritomètre OWNI i>TÉLÉ au fil de cette campagne. Mais avant d'entamer la vérification du prochain quinquennat, honneur au vainqueur. Nous avons vérifié 309 citations de François Hollande durant toutes ces semaines. Beaucoup étaient exactes. Mais il y avait aussi de grosses boulettes. Les voici. Représentant autant de vrais sujets de révision pour le nouveau Président avant de se mettre au boulot.]]>

Place de la Bastille le 6 mai 2012 par © Eric Bouvet via Picture Tank.

La course vers la magistrature suprême du candidat socialiste a été semée de chiffres. Pendant trois mois d’écoute des discours de François Hollande, au fil de 35 interventions, 309 citations chiffrées ont été passées sous la loupe des vérificateurs d’OWNI. Sur l’ensemble de ces déclarations de François Hollande, 43,4% d’entre elles se sont avérées correctes, 35,3% incorrectes et 18,1% imprécises.

Au final, la crédibilité de François Hollande sur les propos que nous avons vérifié s’élève à 55%, le plaçant en troisième position des six candidats examinés, derrière Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly, 9,2 points au dessus de son concurrent de second tour, Nicolas Sarkozy.

Mais, dans le détail des chiffres, il ressort clairement que certaines des propositions clefs du programme du candidat ont été défendues avec des chiffres incorrects. Des finances de l’État au prix de l’énergie en passant par les emplois publics, nous avons mis en lumière les points faibles de l’argumentaire de campagne du nouveau Président.

505 milliards

“Je veux redresser la France” était le titre du premier chapitre du programme du candidat Hollande et la 9ème de ses 60 propositions portait sur le retour à l’équilibre des finances publiques. Par cinq fois, cependant, il s’est lourdement trompé sur la dégradation des comptes de l’État, attaquant ainsi le bilan du Président sur ce point dans l’émission “Des paroles et des actes” sur France 2 le 11 avril dernier :

Ce n’est pas moi qui présente un bilan avec une dette publique de 600 milliards d’euros augmentés

Or ce bilan, justement est sensiblement inférieur : selon l’Insee, les comptes de l’année 2007 s’étaient clos sur une dette publique de 1211,6 milliards d’euros. Le dernier exercice, lui, a vu 1717,3 milliards de dette pour les comptes nationaux. Au total, il s’agit donc de 505 milliards de plus, et non 600. Argument de François Hollande pour défendre cet écart, sur lequel Nicolas Sarkozy a insisté lors du débat d’entre-deux-tours, il se base sur des projections sur l’exercice 2012. Or, depuis le début de notre exercice, nous avons refusé de nous baser sur des hypothèses, ce qui nous amène à rejeter cette justification.

Sous-estimé

Parmi les mesures du candidat PS les plus critiquées par ses adversaires, la création de 60 000 postes d’enseignants sur le quinquennat arrive certainement en tête. Là encore, pour la défendre, il s’appuyait sur les réformes mises en oeuvre par son prédécesseur à l’Élysée, notamment en matière de réduction d’effectifs, suivant un chiffre répété à quatre reprises dans les interventions que nous avons vérifiées :

Je rappelle que 80 000 [postes dans l’Éducation nationale] ont été détruits, ces cinq dernières années !

Mais les rapports annuels de l’Éducation nationale ne tiennent pas tout à fait le même compte des effectifs. Tous personnels confondus (enseignants et non enseignants), le ministère est passé du 1er janvier 2007 [pdf] à fin 2011[pdf] (derniers chiffres disponibles) de 1 209 828 agents à 1 108 217, soit 101 611 postes de moins. Une marge d’erreur de 21%, importante, mais moindre que quand il avait déclaré dans l’émission Dimanche + , une semaine après le 1er tour, que “60 000 fonctionnaires” partaient chaque année à la retraite, alors qu’ils étaient au dernier compte [pdf] (rapport sur les pensions de la fonction publique 2012) 83 172 pour toute l’année 2012…

S’il a sous-estimé la casse dans le secteur public, il l’a lourdement surestimée dans le privé. À cinq reprises, François Hollande a ainsi martelé :

Il y a eu près de 400 000 emplois industriels qui ont disparu ces cinq dernières années.

Considérant que ces “cinq dernières années” étaient en fait celles du quinquennat de celui dont il souhaitait prendre la place, nous avons consulté les bilans de l’Insee. Et l’écart est de taille : au premier trimestre 2007, la France comptait 3,6 millions de salariés dans le secteur industriel. Au dernier recensement (quatrième trimestre 2011), ils n’étaient plus que 3,2 millions, soit 343 400 postes de moins. Un écart de 16% avec le chiffre du candidat socialiste, qui place pourtant en tête des objectifs de son programme la relance de l’industrie par la création d’une Banque publique d’investissement.

Largement fluctué

Chahuté par les journalistes pendant l’entre-deux-tours sur ses projets de régularisation, François Hollande a, comme il l’avait promis au soir du premier tour, abondamment évoqué l’immigration. Avant même de s’égarer en affirmant au 20 heures de TF1 du 24 avril que Nicolas Sarkozy avait été “responsable de la politique migratoire depuis 10 ans” (oubliant son passage au ministère des Finances), il s’avançait déjà sur le bilan de l’immigration choisie :

Aujourd’hui, nous sommes tombés à 15 000.

Sur l’immigration économique, les chiffres du candidat PS ont largement fluctué : le 29 avril, sur Canal +, il avançait le double, “30 000 à peu près”.

Malheureusement pour lui, les chiffres du ministère de l’Intérieur infirment les deux hypothèses : pour l’année 2009 (dernières données définitives disponibles), la place Beauvau comptabilisait 19 251 “premiers titres de séjour” (hors renouvèlement donc) délivrés au titre de l’immigration économique.

Quant à son estimation de “40 à 50 000″ titres de séjours accordés pour les conjoints étrangers, avancée le 15 mars dans l’émission “Des paroles et des actes” sur France 2, elle est supérieure de 12% aux chiffres du rapport au Parlement sur les orientations de la politique d’immigration du ministère de l’Intérieur (36 561 visas pour conjoint étranger en 2009).

À la pompe

Dernière proposition emblématique des trois derniers mois de campagne de François Hollande : le gel des prix du carburants. Pour étayer ce projet visant à améliorer le pouvoir d’achat des Français, le candidat socialiste s’est justifié par le poids des taxes dans le prix des carburants :

Sur 100 que nous payons pour les carburants, 60 ce sont des taxes, 40 c’est le prix réel du pétrole.

Mais c’était sans compter sur une subtilité bien connue des automobilistes : les taxes sont très différentes d’un carburant à l’autre. À la pompe, le Super sans plomb affichait 57% de taxes en 2011, selon l’Union française des industries pétrolières, contre seulement 49% pour le gazole. Or, pondérée par la consommation relative de chaque carburant (le second représente 80,1% du contenu des réservoirs français), la moyenne s’établit à 50,1%, soit 19,8% de moins qu’annoncé par François Hollande ! Ce qui ne l’a pas empêché de répéter le chiffre à trois reprises, au cours des interventions que nous avons vérifiées.

Une erreur cependant anecdotique comparée à celle qu’il a faite le 15 mars dans l’émission “Des paroles et des actes” sur France 2, où il annonçait que la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) rapportait 26 milliards d’euros par l’Etat… alors que, selon le Projet de loi de finances 2012 [pdf], sa collecte était en 2011 de seulement 14 milliards, soit 85% de moins !

Pour répliquer aux arguments de son adversaire lors du débat d’entre-deux-tours, François Hollande s’est risqué sur deux autres énergies, le gaz et l’électricité. Selon lui :

le prix du gaz lui il a augmenté de 60 % pour les consommateurs

Les bases de données du ministère du Développement durable, elles, annoncent une hausse de 8,32 euros à 8,99 euros pour le tarif de base (ménage à 100 kWh) durant l’année écoulée, soit une hausse de 8%, et de 7,20 à 8,99 depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, soit 25%. Deux chiffres inférieurs de plus de la moitié aux propos du candidat socialiste. Quant à son évaluation de “20%” d’augmentation du prix de l’électricité, elle s’avère tout aussi exagérée, puisque, sur le dernier quinquennat, elle plafonne à 12,7% selon la même source.

Si ces exemples ne constituent qu’un échantillon, l’intégralité des déclarations chiffrées vérifiées par Le Véritomètre durant ses trois mois d’existence resteront en ligne et consultables pour les cinq années de mandat qui débute ce jour. Cinq années durant lesquels nos bases de données seront mises à jour et étoffées pour suivre au plus près les déclarations du nouveau Président et de ses plus proches collaborateurs à l’Élysée (porte-parole, conseillers et secrétaire général) et permettre aux internautes d’évaluer avec les vérificateurs d’Owni leur crédibilité. Pour François Hollande comme pour les citoyens, le factchecking, c’est maintenant.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin. Retrouvez toutes nos vérifications sur le Véritomètre et nos articles et chroniques relatifs sur OWNI
Photographie de la place de la Bastille le 6 mai 2012 par © Eric Bouvet via Picture Tank.
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Crédibilité: Hollande 56% Sarkozy 44% http://owni.fr/2012/04/29/credibilite-hollande-56-sarkozy-44/ http://owni.fr/2012/04/29/credibilite-hollande-56-sarkozy-44/#comments Sun, 29 Apr 2012 09:39:57 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=108369 OWNI ont vérifié 132 déclarations chiffrées de Nicolas Sarkzoy et François Hollande prononcées au cours de leurs derniers débats ou discours. Voici le bilan détaillé de leurs erreurs et approximations. En passant par l'Espagne et le RSA (pour lequel les deux se trompent). Au classement de crédibilité OWNI i>Télé, François Hollande creuse l'écart avec Nicolas Sarkozy, avec 56% de déclarations exactes contre 44% pour le président sortant.]]>

Depuis quelques jours, les deux candidats, Nicolas Sarkozy et François Hollande abreuvent à nouveau leurs discours ou interviews de références chiffrées. Avec un sens de l’exactitude très relatif. Au classement du Véritomètre, l’application web qui vérifie l’exactitude des déclarations chiffrées des deux candidats à la présidentielle, l’écart se creuse : François Hollande reste en tête avec 56 % de crédibilité, quand Nicolas Sarkzoy se situe à près de 12 points derrière lui, à 44,3 %.

Durant cette dernière semaine, l’équipe du Véritomètre a vérifié 132 citations chiffrées de ces deux candidats. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention (l’intégralité des 132 vérifications est accessible ici, sur les pages du Véritomètre).

Le président et son bilan

Les Français ont été mieux protégés de la crise que leurs voisins européens : c’est l’un des arguments phare de la campagne de Nicolas Sarkozy. Sauf qu’il exagère parfois nettement l’impact de ses mesures. Ainsi affirmait-il sur France Info le 25 avril :

Le RSA a permis à 600 000 familles de sortir de la pauvreté.

Faute de référent clair, la “pauvreté” évoquée par Nicolas Sarkozy correspond sans doute aux personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté – fixé à moins de 60 % du revenu national médian, soit 956 euros en 2010. Selon le rapport final du Comité national d’évaluation du RSA publié en décembre 2011, 78 000 foyers ont dépassé le seuil de pauvreté en raison de l’apport induit par le RSA.
Le candidat de l’UMP prend donc de fortes libertés avec les chiffres, en multipliant par 7,7 le nombre de familles sorties de la pauvreté grâce au RSA.

Autre exagération sur une autre radio du service public. Jeudi 26 avril, invité de la matinale de France Inter, Nicolas Sarkozy évoque son bilan en matière de retraites :

J’ai veillé à augmenter la pension de réversion, qui avant que je ne sois Président de la République était à 54 % et qui maintenant est à 60 %.

Pas tout à fait : la pension de réversion correspond à la fraction de la pension qu’un(e) retraité(e) peut toucher à la mort de son(sa) conjoint(e). Comme l’indique le Haut conseil à la famille dans une note du 8 juillet 2010, le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009 a institué une hausse dans le montant de la pension de réversion du régime général, qui est passée de 54 à 60 % du montant de la pension du conjoint décédé. Si ce taux de 60 % a été effectivement atteint le 1er avril 2012, comme le précise le site Internet du ministère du Travail, cette majoration n’est accessible qu’à certaines conditions : pour les personnes de 65 ans et plus et ne touchant pas plus de 841,45 euros de réversion par mois. Au-delà de ce montant, la majoration de la pension de réversion est diminuée proportionnellement, ce qui implique que tous les retraités ne profitent pas d’une majoration à “60 %”.

La formulation utilisée par Nicolas Sarkozy est floue : elle sous-entend que la pension de réversion a été “augmentée” pour tous les retraités, alors que seule une part d’entre eux profite effectivement de cette majoration.

François Hollande taxe Nicolas Sarkozy

Le candidat socialiste s’est attaqué à l’une des promesses de Nicolas Sarkozy en 2007, qui consistait à ne pas augmenter les prélèvements obligatoires durant son quinquennat. François Hollande comptabilise cependant, lors de son passage à “Des paroles et des actes” sur France 2 le 26 avril :

Y’a eu 40 taxes qui ont été créées [par le Président sortant].

Nos confrères du Monde ont recensé, dans un article datant du 25 octobre 2011, le nombre de taxes créées, de hausses de taxes et de niches fiscales supprimées durant le mandant de Nicolas Sarkozy. Pour ce qui concerne les taxes uniquement, ils arrivent à un total de 31, y compris en comptant les taxes votées mais non encore appliquées (comme l’éco-taxe poids lourds qui sera généralisée dans tout le pays en 2013). Il reste encore un peu de marge avant d’atteindre le nombre de 40 taxes créées.

Décidément, le RSA ne réussit pas aux candidats. Alors que Nicolas Sarkozy exagérait considérablement le montant des personnes sorties de la pauvreté grâce à cette mesure, François Hollande surestime le montant de cette allocation, ou tout du moins manque de précision dans sa formulation. Il évoquait, toujours à “Des paroles et des actes” :

Le RSA, c’est 700 euros.

Or, comme de nombreuses allocations, le montant du RSA est calculé en fonction de la situation familiale des personnes. Selon les montants valables pour 2012 publiés sur le site Internet de la CAF, une personne en couple avec un enfant ou une personne seule avec deux enfants vont effectivement toucher 712,40 euros, mais une personne en couple peut monter jusqu’à 997,36 euros alors qu’une personne seule sans enfant ne touchera que 474,93 euros. Les propos de François Hollande sont donc imprécis car ils supposent que l’allocation du RSA est de 700 euros pour tout personne bénéficiaire.

Le retour des favoris

On pourrait l’appeler le “kit-chiffres de survie” ou le “set des données chéries”. Tant le candidat PS que le candidat UMP ont leur série de démonstrations chiffrées favorites, qu’ils ont ressortie très régulièrement pendant la première semaine de l’entre-deux-tours.

Le candidat socialiste a ainsi évoqué à Lorient le 23 avril, sur TF1 le 24 avril ou encore lors de l’émission “Des paroles et des actes” sur France 2 le 26 avril :

“Il (Nicolas Sarkozy) avait dit que si le chômage atteignait 5 % c’était la réussite de son quinquennat, c’est le double (…) il laisse un pays avec un taux de chômage de 10 % de la population active.

Les dernières données publiées par Eurostat, l’institut de statistiques européen, donnent raison au candidat socialiste : en janvier et février 2012, le taux de chômage en France s’établit à 10,0%.

Durant cet entre-deux-tours, Nicolas Sarkozy parle beaucoup de l’Espagne, incarnation, dans son argumentaire, de ce qu’aurait pu être la France sans sa présence à l’Élysée pendant la crise.

Il évoque ainsi, à Saint-Cyr-sur-Loire, le 23 avril :

220 % d’augmentation du chômage chez nos amis espagnols après sept années de gouvernement socialiste.

Invité des “Quatre vérités” sur France 2 le 24 avril :

Savez-vous combien de chômeurs en Espagne ? 23 %.

Lors du JT de 20 heures de TF1 le 25 avril :

Monsieur Zapatero, qui vient d’appeler à voter pour M. Hollande, 220 % d’augmentation (du chômage) en Espagne.

Et à “Des paroles et des actes” sur France 2 le 26 avril :

22 % de chômage [en Espagne].

Or, la réalité du chômage en Espagne décrite par les données officielles est légèrement différente de celle assénée à longueur de discours par Nicolas Sarkozy. Eurostat publie pour le mois de février 2012 un taux de chômage de 23,6 % en Espagne.

De plus, José Luis Zapatero, Premier ministre du Parti socialiste espagnol a été élu en mars 2004. Après un renouvellement, son mandat s’est terminé le 21 décembre 2011. Selon les données d’Eurostat, le taux de chômage harmonisé en Espagne est passé de 11,2 % en mars 2004 à 23 % en décembre 2011, soit une augmentation de 105,4 %. Même si la hausse du chômage en Espagne entre 2004 et 2007 est considérable, elle est donc loin de 220 %.

L’écart des résultats

Les deux candidats ont également régulièrement commencé leurs discours ou interviews par des calculs ou analyses faites sur les résultats du premier tour, comme “La Gauche est à son plus haut niveau depuis très longtemps, 44 %. ou encore presque “18 % (de suffrages exprimés en faveur) de Marine Le Pen (…) c’est 6 millions et demi de Français”.

Les résultats officiels étant publiés par le ministère de l’Intérieur, on ne s’attendait guère à trouver des incorrections dans ces citations. Et pourtant, un abus de langage peut jouer des tours, comme pour le candidat de l’UMP lors de son discours de Saint-Cyr-sur-Loire le 23 avril :

les Français sont allés voter à plus de 80 %.

Un “plus de” de trop : les résultats officiels publiés par le ministère de l’Intérieur évoque un taux de participation au premier tour de 79,47% des inscrits.

Ou un excès de zêle pour décrire la situation de son adversaire, comme François Hollande à Paris, le 25 avril :

Le candidat sortant qui arrive cinq points en-dessous de ce qu’avait été son résultat en 2007.

Toujours selon les données officielles du ministère de l’Intérieur en 2007, Nicolas Sarkozy avait obtenu 31,18 % des suffrages exprimés contre 27,18 % au premier tour de l’élection présidentielle 2012, soit une différence de 4 points.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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François Hollande choisit ses années http://owni.fr/2012/04/24/francois-hollande-choisit-ses-annees/ http://owni.fr/2012/04/24/francois-hollande-choisit-ses-annees/#comments Tue, 24 Apr 2012 18:14:02 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=107789 OWNI-i>Télé, François Hollande reste devant Nicolas Sarkozy de plus de deux points, avec 55 % de crédibilité.]]> Le classement duVéritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des principaux candidats à la présidentielle, a pris des airs de duel, entre-deux-tours oblige. L’écart entre les deux candidats reste important : François Hollande est en tête à 55 %, Nicolas Sarkzoy pointe à 43,6 %.

Durant ces dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 22 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Nous nous sommes également intéressés aux documents de campagne qui mettent en scène les données et qui prennent une place cruciale dans les argumentaires des candidats, comme “La lettre aux Français” de Nicolas Sarkozy ou “Le dépôt de bilan” réalisé par le Parti socialiste. Ou encore ce joli tract distribué par la fédération des Hauts-de-Seine. Ces documents feront l’objet d’analyses complètes durant l’entre-deux-tours.

Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

François Hollande gauche sur les emplois industriels

François Hollande aime fustiger la politique industrielle de son concurrent, avec cette donnée clef :

400 000 emplois industriels qui ont été perdus.

Répétée à l’envi : lors de son discours de Lorient le 23 avril, dans l’émission “Parole directe” de TF1 du 18 avril, mais aussi chez Christophe Barbier sur i-Télé le 10 avril, ou encore pendant son discours de Mont-de-Marsan, le 29 mars…

Or ce chiffre est incorrect : selon l’Insee, la France est passée de 3,6391 millions d’emplois industriels au premier trimestre 2007 à 3,2957 millions au dernier trimestre de 2011. Soit une perte de 343 400 emplois et non 400 000.

Etonnement, le PS semble mieux renseigné que son candidat : le tract évoque un chiffre plus proche de la réalité, de 350 000, dans un graphique mettant en scène l’histoire des emplois industriels en France entre 1993 et 2002.

L’Insee (source indiquée par le Parti socialiste) nous gratifie des données par trimestre, depuis 1970. En calculant, pour plus de visibilité, la moyenne par année, les chiffres donnent le graphique suivant.

Le graphique ne présente pas une réalité considérablement différente de celui du PS. En revanche, il montre bien que les emplois industriels chutent depuis les années 1970, à l’exception d’une remontée entre 1988 et 1990, ainsi qu’entre 1999 et 2001.

De plus, les données semblent contredire l’argumentaire socialiste selon lequel les gouvernements de droite font perdre des emplois industriels, ceux de gauche en créent. Sous François Mitterrand, la situation n’est pas vraiment meilleure : entre 1981 et 1988 (gouvernements Mauroy et Fabius), la France a perdu 504 000 emplois industriels, soit davantage même que pendant la présidence Sarkozy.

Le PS doit cependant se baser sur d’autres chiffres. Car les chiffres de l’Insee ne donnent pas les mêmes résultats que ceux présentés sur le tract. Que ce soit en calculant par année, ou par trimestre (en prenant le second trimestre, celui durant lequel ont généralement lieu les investitures, comme référence), impossible de retomber sur les éléments présentés par le tract socialiste :

Non seulement le PS semble exagérer les chiffres pour les périodes 1993-1997 et 1997-2002, mais en ne présentant les données que depuis 1993, ils sous-entendent un lien entre gouvernement de droite et perte des emplois industriels invalidé par les données historiques.

François Hollande oublie les DOM-TOM

Selon l’argumentaire du PS et de son candidat, Nicolas Sarkozy est également responsable de la hausse du chômage. Comme François Hollande l’évoquait à Lorient le 23 avril :

C’est celui qui a laissé le chômage atteindre 10 % de la population active.

Les derniers chiffres de l’Insee indiquent en effet pour le quatrième trimestre 2011 un taux de chômage de 9,4 % en France métropolitaine et 9,8 % en tenant compte des territoires d’Outre-Mer.

Son tract de campagne est plus précis, présentant là aussi une période historique, mais plus restreinte que celle mise en avant sur les emplois industriels. Sur ce graphique, le PS se concentre uniquement sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Le graphique indique la source (Dares) et fait plus ou moins référence à la catégorie de demandeurs d’emploi représentée ici en parlant de personnes “sans emploi ou en emploi précaire”. Cela peut correspondre aux catégories A, B et C : personnes sans emploi (catégorie A), ayant exercé une activité réduite courte, d’au plus 78 heures au cours du mois (catégorie B), ou une activité réduite longue, de plus de 78 heures au cours du mois (catégorie C).

Les chiffres présentés par le PS correspondent à ceux relevés par la Dares qui dénombrait 4,2786 millions de demandeurs d’emploi en février 2012 (dernières données disponibles) ; 3,840 millions en décembre 2009 ; 3,249 millions en décembre 2008 et 3,093 en décembre 2007.

Pour les années 2010 et 2011 par contre, si les données restent dans l’ordre de grandeur évoqué par le PS, difficile de savoir quel mois de référence ils ont choisi. Car en décembre 2010 la Dares recense 4,0309 millions de chômeurs et non 4,05 ; et 4,2534 millions en décembre 2011 et non 4,27.

Et surtout, les données présentées par la Dares ne prennent en compte que la France métropolitaine. Le (peut-être) futur président de tous les Français oublie donc une large partie du territoire.

Une balance floue

Le dernier graphique présenté par le PS sur son tract n’est pas très précis : les valeurs ne sont pas indiquées, seule l’échelle de gauche permet de donner une idée du montant du solde du commerce extérieur en France.

L’équipe du Véritomètre avait déjà inséré les données relatives à la balance commerciale de la France dans l’application, issues de l’Insee et non de l’ONU comme le source le tract du PS. Mais les tendances évoquées sont les mêmes :

Cependant si l’on reprend la tendance large évoquée par l’Insee, on voit que les années où la Gauche était au pouvoir présentent également en dents de scie.

Les données issues de ce tract, que le PS s’est pourtant donné visiblement la peine de chercher, sourcer, scénariser et représenter graphiquement, ne sont pas celles que l’on retrouve pour la visualisation interactive du PS intitulée “Le dépôt de bilan de Nicolas Sarkozy”. Nous aurons l’occasion de revenir également sur ces chiffres.


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Les mauvais chiffres du premier tour http://owni.fr/2012/04/22/les-gamelles-chiffrees-du-premier-tour/ http://owni.fr/2012/04/22/les-gamelles-chiffrees-du-premier-tour/#comments Sun, 22 Apr 2012 18:38:06 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=107408 OWNI en partenariat avec i>TÉLÉ. ]]>

Lancé en partenariat avec i>TÉLÉ pour vérifier les déclarations chiffrées des six principaux candidats à l’élection présidentielle, le Véritomètre a vu voltiger des centaines statistiques en deux mois de factchecking. Après ce premier tour, nous vous livrons un condensé des plus grosses erreurs des prétendants à l’Élysée, rangées par type de bourdes. Un panorama synthétique des libertés prises avec les statistiques officielles au travers duquel perce, peut-être, une certaine vision des Français et du genre de pilule que les équipes de campagne veulent leur faire avaler. Expliquant, peut-être, les surprises des résultats du suffrage de ce dimanche.

L’arrondi qui tue

Parmi les reproches les plus courants que nous ont adressés les membres des équipes de campagne des candidats, il y a la question des arrondis : selon eux, nous étions “trop sévères” avec les pauvres politiques essayant par un gros chiffre qui tombe juste de faire la démonstration que la France va mal. Une remarque étonnante, surtout venant d’un candidat comme François Bayou, lequel a fait du “discours de vérité” le point d’orgue de sa communication politique. Champion du redressement des finances publiques, c’est pourtant le même candidat du Modem qui sous-estimait de 8,7% le budget de l’Etat un matin sur Europe 1 :

L’argent que dépense l’État, les collectivités locales et la Sécu, c’est 1000 milliards, 1000 fois 1000 millions par an.

L’estimation était révisée à la hausse de 5% par le même candidat, trois semaines plus tard sur RTL cette fois-ci :

La France dépense un peu plus de 1000 milliards de dépenses publiques par an, mettons 1050 milliards.

Le vrai chiffre est encore 44 milliards au dessus : 1094 milliards d’euros en 2011 selon l’Insee. Cet arrondi serait, nous a-t-on assuré dans l’entourage du candidat, “au service d’une démonstration”. Mais pourquoi, alors, François Bayrou reproche-t-il quelques dizaines de milliards de surcoût dans le programme d’un de ses concurrents quand lui-même en oublie une centaine ?

À ce petit jeu, le président sortant lui-même a fait très fort puisque la première mesure de sa campagne, présentée en direct sur TF1 le 15 février, s’appuyait, elle-aussi, sur un chiffre incorrect mais bien rond :

Aujourd’hui, il y a seulement 10 % des chômeurs qui sont en formation.

Pointilleuse, notre équipe de data-journalists s’est penchée sur les derniers chiffres disponibles du ministère du Travail : vieux de 2009, ils indiquaient seulement 8% de demandeurs d’emplois en formation, soit 20% de moins qu’annoncés par le chef de l’État. Un arrondi, nous ont reproché de nombreux internautes, trouvant ce “0% de crédibilité” injuste pour “2%” de plus. Pourtant, ces deux points de chômeurs en formation représentent la modeste foule de 140 000 et quelques demandeurs d’emplois non inscrits à des formations, soit l’équivalent de l’agglomération de Clermont-Ferrand.

Derrière des arguments de forme, selon lesquels il serait trop long de donner “le chiffre complet”, se cache plus souvent le désir d’un “bon chiffre”, frappant l’esprit au détour d’une phrase et facile à mémoriser.

Question d’échelle

Mais il n’y a pas que dans les chiffres que la recherche du raccourci fait des ravages. À cause d’une mauvaise documentation, les candidats ont parfois énoncé des énormités y compris sur leur propre domaine d’expertise. Par exemple, ce n’est pas sur l’immigration ou la sécurité qu’Eva Joly nous a offert sur Canal + son plus gros écart, mais sur le logement, un des points phares de son programme :

Il y a 2 millions de logements vacants en région parisienne.

Le chiffre officiel le plus récent que nous ayons trouvé fait en réalité état de… 329 000 logements vides en Île-de-France ! Il existe bien deux millions de logements vides, mais dans toute la France.

De son côté, le candidat de l’UMP s’avançant sur le terrain des énergies vertes a de beaucoup surestimé les investissements dans la filière renouvelable lors de la conférence de presse de présentation de son programme :

Vous dites qu’on a bien du mal à affecter le chantier éolien. Ah bon ? Le chantier éolien c’est 12 milliards d’euros.

Avec un tel budget, les rotors auraient remplacé les réacteurs nucléaires sur les côtes normandes. Sauf que, s’il y a bien 12 milliards d’euros d’investis dans l’énergie éolienne, ce n’est pas en France, mais dans toute l’Europe ! Et le chiffre ne vient pas d’un obscur think tank mais du ministère de l’Écologie lui-même (lequel sous estimerait légèrement l’effort financier, selon le groupement des industriels européens du secteur). En réalité, c’est plutôt 1,2 milliard d’euros qui auraient été injectés par la France dans l’éolien, là où l’intégralité des investissements n’ont atteint depuis la première éolienne en 1991 que 7,164 milliards.

Derrière ces énormités, le raccourci semble évident : un gros chiffre trouvé au détour d’un rapport, mettant en valeur un atout ou une faiblesse structurelle. Las, pas le temps dans une interview ou un discours de finasser.

Sauf que ce sont généralement dans des sujets de niche que les terminologies sont les plus importantes : quand François Bayrou prétend qu’il ne subsiste que 100 000 emplois dans la “filière textile” dans Des paroles et des actes avant de parler du “sportswear”, il ne semble pas savoir que l’on ne parle de “textile” que pour les métiers de préparation du tissu et que “l’habillement” est, au sein des instances représentatives de ces industries, compté totalement à part. Et que, loin de ces 100 000 salariés, ils n’étaient déjà plus que 70 527 à travailler à la préparation des tissus en France en 2010.

Des chômeurs toujours prêts à rendre service

Mais les candidats font souvent mine de ne pas comprendre un sujet bien moins pointu et étroit que l’industrie des tissus : les questions d’emploi. Alors que le chômage est l’une des principales préoccupations des Français et qu’il constitue un sujet de débats permanents entre le sortant et les prétendants, aucun des candidats n’a pris le temps de décrire les différentes catégories de demandeurs d’emplois, à la notable exception de François Bayrou qui évoquait à Perpignan :

Un pays qui a presque 5 millions de chômeurs à temps complet ou à temps partiel.

À d’autres reprises, le candidat du Modem et ses concurrents n’ont pas eu ce soucis de précision. Entre les cinq catégories de demandeurs d’emplois, désignées par les lettres A à E (A, désignant les personnes sans aucune activité, B et C avec une activité partielle et D et E, ceux n’étant pas inscrit au début ou à la fin du mois à Pôle emploi), il leur est arrivé même de jongler dans une même intervention ! Sur TF1, le 27 février, François Hollande tire ainsi un bilan quelque peu réducteur du chômage :

dans une période de chômage, telle que nous la connaissons, trois millions de chômeurs

Par “bonne foi”, l’équipe des vérificateurs d’OWNI a considéré qu’il fallait vérifier une déclaration en supposant que le candidat se rangeait à la définition du chômage la plus proche du chiffre avancé, en l’occurrence, de la catégorie A des chômeurs à temps plein qu’il surestimait d’un peu moins de 5%… mais cinq minutes plus tard, il change de définition pour critiquer le bilan du président sortant :

Avoir eu pendant le dernier quinquennat un million de chômeurs supplémentaires, c’est un échec.

Y avait-il seulement deux millions de chômeurs sans activité en 2007 ? On en est loin : selon la Direction des études statistiques du ministère du Travail (Dares), l’augmentation n’a pas dépassé les 750 000. En revanche, ce chiffre est bien atteint pour une autre définition du chômage (catégorie A, B et C).

De l’Outre-Mer à l’oubli

Les chiffres officiels du chômage contiennent en eux-même un biais considérable : ils écartent purement et simplement les départements d’Outre-Mer ! Les chiffres de la Dares pour février 2012 recensent ainsi 4 278 600 demandeurs d’emplois de catégorie A, B et C en métropole. Mais ils sont 4,47 millions en comptant les chômeurs de Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion, soit près de 270 000 de personnes ignorées par la statistique de référence !

Dans la dernière île seulement, le Pôle emploi recense 20 200 inscrits, soit plus que dans toute la région Poitou-Charentes pour une population de 60% inférieure. Épisode pittoresque par excellence des tours de France des candidats, le passage par les départements ultra-marins (notamment les Antilles) ne laisse généralement que peu de souvenirs dans les chiffres évoqués en métropole. Loin des yeux, loin du coeur, deux mois après avoir rendu visite aux Français des Caraïbes, François Hollande les oubliait déjà pour flatter les jeunes réunis autour de lui à Bondy pour son discours du 16 mars :

La Seine-Saint-Denis est le département le plus jeune de France.

Entre l’Atlantique et la Méditerranée, l’Insee donne raison au candidat socialiste : avec 440 865 habitants de moins de 20 ans en 2010 sur 1,527 million d’habitants, la Seine-Saint-Denis détient le taux record de 28,86% de jeunes. Mais seulement en métropole. Car, un océan plus loin, tous les territoires français affichent une population plus jeune encore : 29,5% de moins de 20 ans en Guadeloupe, 34% à la Réunion et, record de la France entière, 44,4% pour la Guyane. Un record auquel s’ajoute un taux de chômage de 45,1% chez les jeunes de moins de 24 ans. Une performance rarement évoquée dans les discours.

L’ivresse des records

Pour jouer aux réformateurs, en revanche, les candidats, et notamment le président sortant, stigmatisent à tout va la France comme le pays dernier de la classe, y compris en direct dans l’émission Parole de candidat face à quelques millions de téléspectateurs :

La France est le seul pays au monde où lorsqu’il y a une crise, le prix de l’immobilier augmente.

L’effet escompté est évidemment de dénoncer un archaïsme honteux ou bien un système grippé que tous les régimes précédents auraient protégé jusqu’à ce jour et que l’impétrant compte bien renverser une fois au pouvoir (quand bien même il l’est déjà). Sauf que, le monde est vaste et il y a toujours un pays pour écorner la démonstration : dans le cas de l’immobilier, il a suffi aux vérificateurs du Véritomètre de passer en revue les États européens pour en trouver trois – Suède, Finlande et Norvège – où les prix de l’immobilier avaient également augmenté ces quatre dernières années.

En dehors de la sortie de Marine Le Pen, correcte à Nice quand elle déclare que le taux de syndicalisation français est “le plus bas du monde occidental”, rares sont les tirades de ce genre qui résistent à la vérification. Spécialiste des classements en tout genre (des forêts jusqu’aux salles de classe), François Bayrou a bien essayé pour interpeller son auditoire d’exagérer la situation française :

Nous sommes le seul pays dans notre situation en Europe (…) qui soit devant un épouvantable déficit du commerce extérieur.

C’était sans compter les bases de données d’Eurostat, lesquelles nous ont appris qu’il y avait bien pire que nous. Et, cette fois-ci, nul besoin d’aller chercher en Pologne ou dans les pays scandinaves pour savoir qui surclasse Paris en matière de déficit commercial : avec 117,4 milliards d’euros de déficit commercial en 2011, c’est la Grande-Bretagne qui arrive première en UE, avec près de 50% de dépendance économique extérieure de plus que la France.

En dehors de l’efficacité de la formule, permettant d’assurer que “la France s’est mieux sortie de la crise que quiconque” et autres superlatifs, ce type de comparaison excessive a l’avantage de frapper l’esprit d’une formule sans obliger le candidat à avancer un chiffre ou à détailler les raisons expliquant un retard.

Maths

À l’extrême opposé de ces “chiffres chocs”, il arrive que le citoyen spectateur d’un meeting ou d’une interview se voit infligé une interminable démonstration bourrée de chiffres censée révéler une vérité cachée à grands coups de maths. En la matière, le champion toutes catégories reste François Bayrou, lequel s’est à plusieurs reprises (Angers, Besançon, Parole de candidat…) autoproclamé “président, trésorier et fondateur de l’association pour la défense du calcul mental”. Sa plus célèbre démonstration, restée gravée dans la mémoire de nos journalistes de données, reste la comparaison entre les voitures produites sur le territoire français par Renault et celles fabriquées en Allemagne par Volkswagen :

Je suis très frappé par ces chiffres-là : en 2005 toujours, Volkswagen produit en Allemagne 1 200 000 véhicules par an et, au même moment, Renault produit en France 1 200 000 véhicules par an, le même chiffre. Cette année, sept ans après, Volkswagen va produire en Allemagne 2 200 000 véhicules, presque le double, et chez nous Renault va produire en France 440 000 véhicules, trois fois moins que ce qu’il produisait en 2005.

À la sortie de ce tunnel, ceux qui auront réussi à suivre l’enchaînement des chiffres (malgré le débit plutôt modéré du candidat du Modem) auront saisi la question sous-jacente : pourquoi Renault produit moins sur son territoire alors que l’Allemagne produit plus ? Sauf que, dans le détail, tous les chiffres évoqués ici sont incorrects. Selon les sources officielles : en 2005, déjà, la marque allemande affichait 40% de production en plus sur son territoire que le leader français (1,913 millions de véhicules produits côté Volkswagen contre 1,318 millions chez Renault). Quant aux derniers chiffres, s’ils “renforcent le constat”, comme nous l’avait rétorqué François Bayrou sur le plateau de i>TÉLÉ où nous lui avons présenté le graphique, ils n’en étaient pas moins tout aussi éloignés de la réalité.

L’autre grand classique est le calcul “à la volée” de l’impact d’une taxe. Invitée de Radio France Politique, Eva Joly a ainsi vanté les sommes mirifiques que récupérerait l’Union européenne en imposant une “taxe Tobin” :

Un taux de 0,005% pour la taxation des transactions financières dans la zone euro produit 172 milliards

Malheureusement pour la candidate d’Europe écologie-Les Verts, le calcul avait déjà été fait et à un taux bien supérieur : avec 0,1% d’imposition sur les mêmes transactions financières, la Commission européenne n’entrevoyait ainsi que 57 milliards par an de collecte, soit trois fois moins pour un taux vingt fois supérieur.

Vieilles de 12 ans

Les candidats ne vont parfois pas chercher aussi loin. Parfois, ils se contentent d’utiliser un “vieux chiffre à la mode”, répété à tort et à travers dans les enquêtes et les études sur un sujet. Bien que candidat le plus précis de la campagne de premier tour, Jean-Luc Mélenchon n’échappe pas à la règle quand il déclare sur France info :

80% des Smicards sont des smicardes !

Cette statistique, elle circule dans toutes les directions et depuis longtemps. Très longtemps. Au moins en 2000, puisque la source première de ce chiffre (rarement citée) est l’ouvrage de la sociologue et directrice de recherche au CNRS, Margaret Maruani, “Travail et emploi des femmes”, paru en mars 2000 aux éditions La Découverte. Or, il existe des études plus récentes dont les conclusions sont différentes. La dernière en date que nous ayons pu trouver remonte à 2006, mais peint un portrait fort différent des salariés payés en Smic : elle constate également une prépondérance de “smicardes”, mais elles représentent 56,% des salariés au Smic contre 43,6% pour les hommes. Au regard de cet écart, les chiffres vieux d’une année cité par Jean-Luc Mélenchon à Marseille quant aux accidents du travail suivis d’une incapacité permanente relèvent du petit oubli de mise à jour.


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Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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Bayrou surtaxe la France http://owni.fr/2012/04/20/bayrou-surtaxe-la-france/ http://owni.fr/2012/04/20/bayrou-surtaxe-la-france/#comments Fri, 20 Apr 2012 16:45:02 +0000 Grégoire Normand http://owni.fr/?p=107108 OWNI. Deux jours avant le premier tour, le candidat du Modem est avant-dernier au classement OWNI-i>Télé de crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle.]]> À deux jours du premier tour de l’élection présidentielle, l’équipe du véritomètre a décidé d’arrêter la publication de ses vérifications des déclarations des six principaux candidats pendant le week-end. Le classement, qui ne bougera pas jusqu’à lundi, met en lumière la crédibilité des six candidats après deux mois de vérifications.

Seuls trois candidats dépassent la barre des 50 % : Jean-Luc Mélenchon, en tête depuis plusieurs semaines avec 63,3 % ; Eva Joly qui chute légèrement sur la dernière ligne droite, à 58,7% ; et François Hollande qui se stabilise à 54,5 %.

Le bas du classement se joue par contre dans un mouchoir de poche : Nicolas Sarkozy conserve la dernière place avec 43 %, François Bayrou passe avant-dernier avec 44,7 % et Marine Le Pen se classe quatrième avec 44,9 %.

Durant ces toutes dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 35 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

Bayrou surclasse la France

François Bayrou exagère la fiscalité des Français dans le classement européen. Lors de son passage à l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, mardi 17 avril, il a estimé que :

La France est le pays d’Europe qui paie le plus d’impôts.

Un superlatif qui donne tort au candidat du Modem. L’étude “Tendances de la fiscalité dans l’Union européenne (UE)“, publiée en juillet 2011 par la Commission européenne, précise que l’ensemble des impôts en France représente 41,6 % de son PIB en 2009 (dernières données disponibles). Ce qui classe la France au septième rang des pays de l’Union européenne qui payaient “le plus d’impôts”, loin derrière la première place proclamée par François Bayrou.

L’Afghanistan divise Sarkozy et Hollande

La guerre en Afghanistan a rarement été évoquée dans les débats de la présidentielle. Face à ce vide, le journaliste Jean-Jacques Bourdin a interrogé cette semaine Nicolas Sarkozy et François Hollande sur le nombre de soldats français morts en Afghanistan depuis 2001.

Dans l’émission du mercredi 18 avril, le président-candidat a déclaré :

Il y a eu 80 soldats tués en Afghanistan.

Alors que le candidat du parti socialiste affirme le lendemain dans la même émission :

On a perdu 83 soldats en Afghanistan.

Ces deux estimations sont proches, mais c’est François Hollande qui détient le chiffre exact, confirmé par le Ministère de la Défense : 83 militaires français sont morts en Afghanistan depuis 2001.

Marine Le Pen explose les prix

Invitée de la matinale de France Inter, jeudi 19 avril, Marine Le Pen s’est exprimée sur la hausse des prix :

les 2 % d’inflation par an que nous subissons de manière ininterrompue.

La candidate du Front National gonfle les chiffres officiels en omettant que le taux d’inflation est fluctuant. En effet, l’indice des prix à la consommation – correspondant à ce que l’on appelle communément l’inflation – a augmenté de 2,1 % en moyenne en 2011 en France, contre 1,5 % en 2010, 0,1 % en 2009, 2,8 % en 2008 et 1,5 % en 2007, soit une moyenne de 1,6 % par an entre 2007 et 2011 comme le démontre l’Insee.


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Premier tour des data journalists http://owni.fr/2012/04/20/une-presidentielle-en-donnees/ http://owni.fr/2012/04/20/une-presidentielle-en-donnees/#comments Fri, 20 Apr 2012 13:02:13 +0000 Pierre Leibovici et Grégoire Normand http://owni.fr/?p=107041 OWNI i>Télé, les journalistes de données de la rédaction ont vérifié près de 1300 citations des candidats à la présidentielle dès lors qu'elles s'appuyaient sur des éléments chiffrés - sur l'emploi, la sécurité, le commerce... De quoi en tirer quelques bilans sur l'utilisation générale du chiffre par l'homo sapiens en campagne.]]>

Premier bilan pour Le Véritomètre, l’application web de “fact-checking” politique (vérification des faits) à la française. En soixante-cinq jours, les cinq journalistes de données d’OWNI auront examiné un total de 1 191 déclarations chiffrées des six principaux candidats à l’élection présidentielle.

La rigueur du Véritomètre s’est imposée grâce à un barème strict, classant les déclarations des candidats selon trois critères (correct, imprécis et incorrect). En tenant compte de vos nombreuses remarques et suggestions. Car c’était aussi le défi de notre application : mettre en oeuvre une vérification citoyenne et participative des données.

Cadre

Au rang des surprises, vient d’abord le classement global de la crédibilité des déclarations chiffrées des candidats. Globalement, ils se trompent souvent. Sur la totalité des déclarations chiffrées que nous avons vérifiées, seules 40,2% sont correctes. 41,6% des déclarations chiffrées des candidats sont incorrectes et 18,6% se révèlent trop imprécises.

À l’échelle de chaque candidat, ce classement révèle aussi bien des disparités. Durant ces deux mois et demi de campagne, les candidats analysés n’ont pas pris les mêmes risques sur le plan des données. Nicolas Sarkozy caracole en tête des chiffres évoqués, 392, devant François Bayrou, 271 citations chiffrées, et François Hollande, 215. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ne s’éloignent que d’une citation, avec respectivement 164 et 163, loin devant Eva Joly, qui aura mené une campagne faible en chiffres, avec seulement 107 références chiffrées.

On pourrait croire à une différence de traitement des interventions médiatiques des six prétendants. Mais il n’en est rien : l’équipe du Véritomètre a vérifié entre 20 et 23 interventions pour chacun des candidats.

L’explication se trouve plutôt dans les stratégies de campagne de chacun, certains concevant le chiffre comme un argument imparable et indispensable pour tout rendez-vous médiatique, quand d’autres se reposent davantage sur les envolées de paroles. Pour preuve, Eva Joly a évoqué 3,7 fois moins de chiffres que Nicolas Sarkozy pour un même nombre d’interventions dans les médias vérifiées.

Le plus, le moins

Le “champion” des déclarations correctes est, à un cheveu près, le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon. Au total, 48,8% de ses estimations chiffrées s’avèrent éloignées de moins de 5% de la réalité (et sont donc considérées comme correctes selon notre barème), contre 48,6% pour Eva Joly. A l’inverse, la plus faible proportion de chiffres exacts revient à Marine Le Pen (28,8%).

Jean-Luc Mélenchon remporte également la palme des déclarations imprécises (éloignées entre 5 et 10% de la réalité selon notre barème), 20,1% du total de ses chiffres relevés par les journalistes d’OWNI, suivi de près par François Hollande (19,1% de déclarations imprécises). Avec 12,9% de chiffres imprécis, François Bayrou, affiche le plus faible taux d’imprécision des six candidats.

Moins réjouissant, le candidat du MoDem arrive également en tête des déclarations incorrectes, 43,5% des chiffres qu’il a évoqués s’avérant éloignés de plus de 10% de la réalité. Le moins “incorrect” des six est Jean-Luc Mélenchon, un quart (24,4%) de ses données étant erroné.

En valeur, c’est le président-candidat, Nicolas Sarkozy, qui compte le plus de déclarations à la fois incorrectes et exactes.

Rendez-vous de taille

Deux grandes émissions politiques auront marqué cette campagne : Parole de candidat sur TF1 et Des paroles et des actes sur France 2. A l’exception d’Eva Joly, qui fut invitée une seule fois sur France 2, les six candidats dont les propos ont été vérifiés par le Véritomètre ont obtenu la “parole” à trois reprises et sur un temps comparable, ce qui rend donc intéressante une comparaison de leurs prestations.

A l’image de la situation générale, c’est Nicolas Sarkozy qui arrive largement en tête du nombre de citations chiffrées, 173 en seulement trois rendez-vous. C’est six fois plus que Jean-Luc Mélenchon, qui s’est risqué à “seulement” 29 données.

Le verdict des citations ne reflète pas, quant à lui, la situation d’ensemble. Globalement, les candidats à la présidentielle ont tenu davantage de propos chiffrés incorrects lors de ces deux interventions télé. François Bayrou et Nicolas Sarkozy sont au coude-à-coude, avec respectivement 52 et 51,8% de déclarations incorrectes en trois émissions. La palme de l’imprécision revient à Marine Le Pen, tandis qu’Eva Joly – sur un nombre bien plus faible de déclarations cela dit – a été la plus juste des six, avec 64,7% de chiffres exacts.

Quant à savoir si le grand débat de l’entre-deux-tours reflétera les performances passées des deux candidats retenus, rendez-vous est donné dès le lendemain, sur OWNI bien sûr.


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Le terrorisme fantasmé de Marine Le Pen http://owni.fr/2012/04/19/le-terrorisme-fantasme-de-marine-le-pen/ http://owni.fr/2012/04/19/le-terrorisme-fantasme-de-marine-le-pen/#comments Thu, 19 Apr 2012 17:12:58 +0000 Pierre Leibovici http://owni.fr/?p=106951 OWNI. La candidate FN reste avant-dernière au classement OWNI-i>Télé de crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, devançant Nicolas Sarkozy de près d'un point.]]>

La gravité attire les six principaux candidats à la présidentielle présents dans le classement du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude de leurs déclarations chiffrées ou chiffrables.

Avec 43,4 % de crédibilité, Nicolas Sarkozy s’enfonce un peu plus à la dernière place, tandis que Marine Le Pen et François Bayrou jouent au coude-à-coude (44 % pour la candidate FN, 44,7 % pour celui du MoDem). Eva Joly perd quelques dixièmes de points et tombe à 58,7 %. Elle reste devant François Hollande (54,3 %) mais se détache un peu plus de la tête du classement, conservée par Jean-Luc Mélenchon avec 63,5 % de crédibilité.

Durant ces dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 41 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

Marine Le Pen islamise

Pour justifier l’amalgame entre immigration et terrorisme, rien ne vaut les chiffres. Et Marine Le Pen l’a bien compris. Dans la matinale de France Inter du 19 avril, tout en affirmant que “Mohammed Merah n’aurait pas été Français” si elle avait été aux affaires, la candidate FN a vu grand :

95 ou 97 ou 98 % des attentats qui sont commis aujourd’hui dans le monde entier sont le fait du fondamentalisme islamique !

A notre connaissance, le seul organisme officiel fournissant des données sur les attaques terroristes dans le monde vient des États-Unis. Il s’agit du Centre national du contre-terrorisme, qui classe notamment les attentats selon la nature de l’organisme revendicateur. L’équipe du Véritomètre a recensé les résultats pour l’année 2011 sur un graphique :

Et Marine Le Pen est très loin de la réalité. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2011, sur les 10 309 attaques terroristes ayant eu lieu dans le monde, 56,3% ont été revendiquées par des islamistes radicaux. Soit 68,7% de moins que l’estimation avancée par la candidate FN.

A une échelle réduite, celle de la France, il en va tout autrement. L’équipe du Véritomètre avait déjà vérifié les données sur les revendications d’actes terroristes en France en 2010 à l’occasion d’une déclaration de Jean-Luc Mélenchon, dans un discours à Lille, le 27 mars. Sur les 84 actes terroristes recensés sur le sol français par l’agence Europol, aucun n’avait été revendiqué par un mouvement islamiste.

Le trop long contrat d’Eva Joly

Eva Joly place la fin de sa campagne sous le signe de la justice. Après avoir décrié – non sans un certain excès – le traitement fiscal de Liliane Bettencourt, la candidate Europe Ecologie – Les Verts s’en est prise aux Partenariats public-privé (PPP) dans les prisons à l’occasion de l’interview politique de Christophe Barbier sur i>Télé :

Il faut renouveler les bâtiments des prisons [...] mais les conditions dans lesquelles nous le faisons en France, en partenariats public-privé par exemple, qui grèvent nos budgets pour les 51 ans à venir, tout en assurant une rente à Bouygues, ne sont pas la bonne solution.

Les PPP pénitentiaires pointés du doigt par Eva Joly ont été institués par la loi du 22 juin 1987 relative au service public pénitentiaire. Une loi qui a permis de confier à un unique prestataire privé l’entretien et les services à la personne dans les établissements pénitentiaires, et qui fut effective à partir du début des années 1990.

La question n’est pas ici de savoir si ces PPP sont ou “ne sont pas la bonne solution”OWNI s’étant d’ailleurs souvent intéressé à la question -, mais plutôt de savoir si les contrats de délégation de service public dans les prisons peuvent effectivement durer “51 ans”.

La Cour des comptes s’est récemment intéressée aux PPP pénitentiaires, et notamment à leur durée. En lisant rapidement le rapport qu’elle a rendu en octobre 2011, on comprend que les contrats de PPP pénitentiaires déjà signés s’étendront au plus tard jusqu’en 2038. La période entre la date d’entrée en vigueur (1987) de la loi relative au service public pénitentiaire et 2038 dure bien 51 ans.

Sauf qu’aucun PPP pénitentiaire n’a été signé en 1987, les contrats venant à échéance en 2038 n’ayant débuté qu’en 2010, pour une durée donc, de 28 ans. Dans sa croisade contre les PPP, Eva Joly n’a donc pas hésité à exagérer les chiffres.

Jean-Luc Mélenchon en terrain accidenté

Pour son dernier grand discours en plein-air, en l’occurence sur la plage du Prado à Marseille, le 14 mars dernier, Jean-Luc Mélenchon s’est penché sur une donnée “dont on ne parle jamais” à son avis, les accidents du travail :

43 000 accidents du travail qui aboutissent à une invalidité totale.

Exact à 4,4% près, si l’on se base sur le rapport statistique 2011 (pages 2 et 3) de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Car, malgré une baisse par rapport à l’année 2009, 41 176 accidents du travail suivis d’une incapacité permanente sont intervenus en 2010 en France.


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http://owni.fr/2012/04/19/le-terrorisme-fantasme-de-marine-le-pen/feed/ 2
Eva Joly défiscalise Bettencourt http://owni.fr/2012/04/18/eva-joly-defiscalise-bettencourt/ http://owni.fr/2012/04/18/eva-joly-defiscalise-bettencourt/#comments Wed, 18 Apr 2012 16:19:37 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=106689 OWNI-i>Télé de crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, Nicolas Sarkozy écope pour la première fois de la dernière place avec 43,4 % de crédibilité.]]>

Bouleversement depuis ce matin dans le classement du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle.

Nicolas Sarkozy atteint la dernière place, délogeant Marine Le Pen qui y était quasiment indétrônable depuis le lancement du Véritomètre (15 février 2012). Avec 43,4 % de crédibilité, le président-candidat reste proche de la candidate du Front national (44 %) et de François Bayrou (44,7 %). Peu de changement par contre dans le trio de tête : Jean-Luc Mélenchon garde une longueur d’avance avec ses 63,5 %, devant Eva Joly (59,2 %) et François Hollande (54,3 %).

Durant ces dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 36 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

Eva Joly s’occupe du contrôle fiscal

Lors de son interview sur France Info le 17 avril, Eva Joly s’est plongée dans l’histoire des contrôles fiscaux :

Je vous rappelle que madame Bettencourt n’a pas été contrôlée pour les impôts depuis 1995.

Trouver ce type d’informations pour un parfait inconnu aurait donné du fil à retordre à l’équipe des vérificateurs du Véritomètre. Fort heureusement pour nous, le dossier de madame Bettencourt a fait plusieurs fois les feux de l’actualité.

Ainsi, un rapport de l’Inspection générale des finances, publié en juillet 2010, précise, dans sa conclusion, que les informations obtenues dans le cadre du contrôle fiscal de François-Marie Banier, notamment de source judiciaire, n’étaient pas de nature à conduire l’administration à déclencher un examen de la situation fiscale personnelle de madame Bettencourt.

Cependant, l’hebdomadaire Marianne a révélé dans un article publié le 22 juillet 2011 sur son site, que le fisc français avait adressé à l’héritière du groupe L’Oréal, un redressement fiscal d’un montant de 11,35 millions d’euros au titre de l’impôt sur le revenu pour les années 2006 et 2007 et 17,64 millions d’euros au titre de l’impôt de solidarité sur la fortune pour les années 2004 à 2007. Le “rappel” d’Eva Joly est donc inexact.

François Bayrou embellit Giscard d’Estaing

L’historique de la dette française intéresse décidement beaucoup les candidats à l’élection présidentielle. Alors que François Hollande évoquait un record “de toute l’histoire de la République” pour cette donnée, François Bayrou, invité de “Bourdin 2012″ sur BFM-TV le 17 avril, remontait quant à lui au début des années 1980 :

En 1981 le pays avait beaucoup de réserves : Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre avaient laissé un pays sans dette.

Le candidat du MoDem ne semble pas s’appuyer sur les mêmes données que l’Insee, dont les tableaux décrivent une réalité complètement différente.

Pour l’Insee le “déficit public” correspond au besoin de financement des administrations publiques. Ces dernières étaient en situation de capacité de financement en 1974 (+0,31 % de solde budgétaire) – année d’arrivée au pouvoir de Valérie Giscard d’Estaing. Entre 1974 et 1981, la France s’est trouvée en situation continuelle de déficit budgétaire, de sorte que la dette des administrations publiques au sens de Maastricht représentait 21 % du Produit intérieur brut (PIB) en 1981, comme le notait un rapport d’information du Sénat publié le 9 juin 1999.
Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre (Premier ministre de 1976 à 1981) n’ont donc pas laissé “un pays sans dette”, mais un pays, où, au contraire, la dette s’est aggravée.

François Hollande prend l’Italie pour l’Espagne

Invité de la deuxième soirée “Des paroles et des actes” de France 2 le 11 avril dernier, le candidat socialiste a rapporté avec attention la situation financière de nos voisins latins :

La crise de la zone (euro) frappe l’Espagne et l’Italie, où les taux d’intérêts ont augmenté.

C’est ce qui s’appelle un 50-50 ou un mélange des genres. L’OCDE publie en effet tous les mois le niveau des taux d’intérêt de ses pays membres. Pour l’Espagne, François Hollande est à peu près juste : les taux d’intérêts s’élevaient à 5,40 % en janvier 2012, 5,11 % en février et 5,16 % en mars. L’Espagne a donc bien vu ses taux d’intérêt augmenter sur les deux derniers mois. Ce qui n’est pas le cas de l’Italie : les taux d’intérêt passent de 6,54 % en janvier 2012 à 5,55 % en février et 5,05 % en mars 2012.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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http://owni.fr/2012/04/18/eva-joly-defiscalise-bettencourt/feed/ 5
Mélenchon extrapole des emplois http://owni.fr/2012/04/17/melenchon-extrapole-des-emplois/ http://owni.fr/2012/04/17/melenchon-extrapole-des-emplois/#comments Tue, 17 Apr 2012 17:37:53 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=106554 OWNI-i>Télé de crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy tiennent la dernière place, dans une stricte égalité.]]>

L’égalité est visuellement parfaite dans les dernières places du classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy affichent 44,4 % de crédibilité. François Bayrou n’est pas loin de les rejoindre, avec 44,8 %, tandis que Jean-Luc Mélenchon se maintient à 63,3 %, devant Eva Joly (60,6 %) et François Hollande (54,3 %).

Durant ces dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 49 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

Jean-Luc Mélenchon prend des heures pour des emplois

Lors de son discours de Lille le 27 mars dernier, Jean-Luc Mélenchon avait chiffré les conséquences d’une des lois phares du quinquennat de Nicolas Sarkozy : la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (Tepa), sur la défiscalisation des heures supplémentaires.

400 000 emplois, voilà ce qu’ils vous ont pris en allégeant le prix des heures supplémentaires et en les défiscalisant.

Aucun document officiel ne chiffre la perte d’emplois liée à la désfiscalisation des heures supplémentaires.
Les conséquences sur l’emploi sont même très partagées : le rapport au Sénat sur l’économie française et les finances publiques à l’horizon 2013 estime ainsi que “l’impact sur l’emploi de la loi Tepa est ambigu, car il est la somme de deux effets” ; l’un positif sur l’emploi (baisse marginale du coût du travail), l’autre négatif (incitation à allonger la durée du travail).
Le seul chiffrage qui permette de comprendre d’où vient peut-être le raisonnement de Jean-Luc Mélenchon est celui tenu par Arnaud Montebourg sur Europe 1 en février 2012 : “En 2008, il y a eu 727 millions d’heures supplémentaires, c’est l’équivalent de 466 000 emplois équivalents temps-plein.”.

En 2011 le nombre d’heures supplémentaires s’est établi à 735 millions, soit l’équivalent de 457 373 emplois. Quand bien même on prendrait en compte ce mode de calcul, Jean-Luc Mélenchon se tromperait de 12,5 %. Mais surtout, avec cette formulation “voilà ce qu’ils vous ont pris, le candidat du Front de gauche établit une équivalence directe entre heures supplémentaires et création d’emplois, ce qui n’est pas n’a jamais été confirmé par les comptes officiels.

Nicolas Sarkozy s’envole sur le photovoltaïque

Dans notre chronique quotidienne du Véritomètre du 16 avril, nous vous expliquions comment Nicolas Sarkozy évaluait le chantier de l’éolien en France : en prenant une donnée correspondant à l’investissement de l’ensemble des pays européens pour celui de la France. L’éolien n’est pas la seule énergie renouvelable sur laquelle le président-candidat brasse de l’air. Sur le photovoltaïque, ses données sont également très étonnantes (et incorrectes).

Lors de sa conférence de presse de présentation de programme, le 5 avril dernier, il exprimait ainsi :

Depuis que je suis Président de la République, les énergies renouvelables ont été multipliées (…) par 5 pour le photovoltaïque.

Il n’existe pas une mais plusieurs façons de comptabiliser ce que le président-candidat nomme “le photovoltaïque” : le nombre d’installations de panneaux, la puissance du parc photovoltaïque français ou encore sa production électrique. Consciencieusement, nous avons donc vérifié ces trois pistes. Et aucune ne s’est révélée ne serait-ce qu’approchante de l’estimation fournie par Nicolas Sarkozy.

Ainsi, le nombre d’installations photovoltaïques est passé, d’après le tableau de bord éolien-photovoltaïque du ministère du développement durable, de 24 583 en 2008 (aucune donnée plus ancienne) à 242 295 fin 2011, soit une multiplication par 9,86.

Si l’on considère la puissance du parc photovoltaïque français, celle-ci a été multipliée par 40, en passant de 70 MW en 2007 à 2 802 MW fin 2011, selon les données du Syndicat des énergies renouvelables et du tableau de bord éolien-photovoltaïque pour le quatrième trimestre 2011.

Enfin, d’après les données du ministère de l’écologie et du développement durable, la production d’électricité d’origine photovoltaïque est passée de 0,039 TWh en 2007 à 0,57 TWh en 2010 (dernières données disponibles), soit une multiplication par 14,6. Quelle que soit la donnée retenue, les propos de Nicolas Sarkozy sont donc nettement incorrects.

Marine Le Pen prolonge Nicolas Sarkozy

La candidate du Front national faisait partie des invités de la première soirée Des paroles et des actes sur France 2 le 11 avril dernier. Elle s’est livrée à un chiffrage de la carrière politique de son adversaire UMP :

Ça fait 10 ans qu’il [Nicolas Sarkozy] est en charge de l’immigration.

Dans sa volonté de démonter le bilan de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen lui a rajouté des années d’exercice. En effet, le site Internet du ministère de l’Intérieur indique que Nicolas Sarkozy a occupé le poste de ministre de l’Intérieur à deux reprises, entre mai 2002 et mars 2004 puis entre juin 2005 et mars 2007, soit sur un total de 3 ans et demi. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a été élu à la Présidence de la République le 6 mai 2007, comme le confirme le site de l’Élysée. Au total, Nicolas Sarkozy a donc été “en charge de l’immigration” sur une durée de 8 ans et 7 mois. Et non pendant dix ans.


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Sarkozy brasse de l’éolien http://owni.fr/2012/04/16/sarkozy-brasse-de-leolien/ http://owni.fr/2012/04/16/sarkozy-brasse-de-leolien/#comments Mon, 16 Apr 2012 16:35:51 +0000 Pierre Leibovici et Grégoire Normand http://owni.fr/?p=106250 OWNI, le président-candidat a confondu le chantier éolien en France et en Europe... Au classement OWNI-i>Télé de la crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, Nicolas Sarkozy tombe à la dernière place, à égalité avec Marine Le Pen.]]>

A défaut de se croiser, les courbes se sont égalisées dans le classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Avec 44,4% de crédibilité, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ferment la marche de concert, tout près de François Bayrou (44,8%). Jean-Luc Mélenchon fait toujours la course en tête, son taux de crédibilité s’affichant à 62,7%.

Durant ces dernières 72 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 46 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

Nicolas Sarkozy ne manque pas d’air

32. C’est le nombre de “propositions pour une France forte” déclinées par Nicolas Sarkozy dans son programme. Parmi elles, une seule est en lien avec la protection de l’environnement : la [poursuite du] développement des énergies renouvelables”. Une situation sur laquelle le président-candidat a été interpellé lors d’une conférence de presse, le 5 avril dernier, par le journaliste de l’agence Reuters, Emmanuel Jarry :

Emmanuel Jarry : – Qu’en est-il du développement d’une énergie verte (…) ? Je n’en vois pas trace dans votre projet actuel (…).
Nicolas Sarkozy : – Vous dites qu’on a bien du mal à affecter le chantier éolien. Ah bon ? Le chantier éolien c’est 12 milliards d’euros.

Dans un article publié le même jour, le journal Le Figaro a compris par ces mots que Nicolas Sarkozy entendait parler de l’investissement éolien en France :

Nicolas Sarkozy a vanté son bilan en matière d’énergies renouvelables. Il a évoqué un “chantier éolien” à 12 milliards d’euros (…).

Comme n’importe qui aurait pu le comprendre. Sauf que le candidat UMP s’est plutôt attribué les investissements annuels du “chantier éolien”… de tous les pays de l’Union européenne.

Le ministère de l’Écologie et du Développement durable indique ainsi que le marché de l’éolien en Europe représente “12 milliards d’euros d’investissement par an, soit 1,2 million d’euros par MW installé”. Depuis, le chiffre a été révisé par l’European wind energy association à 13 milliards d’euros pour l’année 2010.

D’après la même European wind energy association, les capacités de production électrique du parc éolien français représentaient 5 970 mégawatts (MW) en décembre 2010. Si l’on s’en tient donc à l’estimation de “1,2 million d’euros [d’investissement] par MW installé” du ministère de l’Écologie, les investissements de la France dans l’éolien n’auraient de toute façon représenté que 7,164 milliards d’euros depuis la première éolienne – installée en juillet 1991 – jusqu’en 2010.

Très loin des “12 milliards d’euros” que Nicolas Sarkozy n’a eu aucun “mal à affecter” au “chantier éolien” français.

Eva Joly débranche trop vite

L’Allemagne laisse rêveurs la plupart des candidats à l’élection présidentielle. Et Eva Joly n’échappe à la règle. Dans l’émission Des paroles et des actes du mercredi 11 avril dernier, elle a ainsi vanté les mérites de la diminution de la consommation électrique outre-Rhin :

[Les Allemands] ont diminué leur consommation de 6%.

Trop beau pour être vrai. Le démenti provient du groupe de travail AG-Energiebilanzen, qui publie chaque année un tableau de bord sur les différents types de consommation énergétique en Allemagne. D’après sa dernière édition, la consommation brute d’électricité en Allemagne est passée de 610,4 TéraWatts-heure (TWh) en 2010 à 608,5 TWh en 2011. Soit une diminution de 0,3%.

Le modèle allemand n’apparaît donc pas si exemplaire pour sa quantité d’électricité consommée. Il en va autrement pour la nature de l’électricité produite en Allemagne en 2011 et qu’aurait pu évoquer la candidate écologiste. Car, comme le note l’Institut du développement durable et des relations internationales dans une étude parue le 5 mars dernier, le pays a produit davantage d’électricité de sources renouvelables (19,9% du total de l’électricité produite) que d’origine nucléaire (17,6%) en 2011.

François Bayrou reste en voiture

L’automobile sied décidément bien à François Bayrou, qui s’est une fois de plus exprimé à son sujet lors de l’émission Des paroles et des actes du jeudi 12 avril dernier. Habitué aux comparaisons internationales sur la production de véhicules, le candidat du Mouvement Démocrate (MoDem) s’est cette fois-ci replié en France :

90 000 voitures de fonction dans l’Etat.

Correct, si l’on se fie au Conseil de modernisation des politiques publiques. D’après un document d’orientation publié en juin 2010, l’Etat compte 72 000 véhicules auxquels il faut ajouter 17 000 véhicules des opérateurs de l’Etat, c’est-à-dire des établissements publics, des groupements d’intérêt public et des associations, entre autres.

Au total, donc, l’Etat compte 89 000 véhicules, 1,1% de moins que le chiffre évoqué par François Bayrou.


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